On le reconnaît facilement, cela faisait longtemps qu’on avait pas autant été branchés sur Prime Video, grosse concurrence oblige. Mais là, avec des sorties catalogue comme A Working Man et Warfare, cela fait plusieurs semaines qu’on reste attentifs aux sorties de la plateforme de streaming et aux films avec la lettre W. Certes, même si on est positifs face à ces longs-métrages, aucun ne nous a vraiment complètement séduits. Jusqu’à Shadow Force peut-être ? Après tout, il comporte un W…
Il faut dire que nous nous sentions un peu obligés de nous pencher sur le long-métrage de Joe Carnahan, réalisateur de Boss Level, L’Agence tous risques, et tout un tas d’autres productions où on tire d’abord, on lit le scénario ensuite. Notre amour de la finesse qui parle ça. Et puis, surtout, la plus grande curiosité de ce Shadow Force reste son casting. Mark Strong en méchant et Kerry Washington et Omar Sy en couple d’ex-tueurs pourchassés. Notre acteur français dans un Mr & Mrs Smith au titre qui sent bon les années Direct-to-Video de Jean-Claude Van Damme, n’en jetez plus, on signe où ?
Le synopsis de Shadow Force
La première règle de la Shadow Force : on ne quitte pas la Shadow Force. La seconde règle de la Shadow Force : on ne quitte pas la Shadow Force. Alors quand Isaac (Sy) et Kyrah (Washington) décident de tout plaquer pour fonder une famille, forcément ça ne plaît pas à leur patron (Strong).
Des années plus tard, Isaac s’occupe seul de leur fils en faisant profil bas pendant que Kyrah vit loin d’eux afin d’effacer leurs traces. Mais un événement force Isaac à se découvrir et leurs têtes sont mises à prix par leur ancien employeur. Le couple va avoir un choix à faire : s’enfuir et passer sa vie à regarder derrière lui, ou s’attaquer à la source.
On mate ou on zappe ?
Shadow Force s’inscrit dans la lignée de la flopée de films d’action dont nous abreuve le service SVoD et ses concurrents. À savoir, un long-métrage qui n’avait aucune chance de marcher en salles, mais qui peut fonctionner comme divertissement de canapé. Et cela fonctionne.
Étrangement, ce n’est pas dans ses scènes d’action que Shadow Force marche le mieux. Carnahan les emballe efficacement, néanmoins elles ne font pas preuve d’une grande originalité. On a droit à la course-poursuite en voiture, la course-poursuite en bateau, la bagarre de couple et l’ultime fusillade où on doit plomber tout un tas de gros méchants. Avec le combat final contre le méchant, bien évidemment. On ne peut même pas dire que la générosité soit au rendez-vous.
Côté scénario, tout sonne creux, plat, les séquences familiales sont ronflantes à souhait et on se tape toujours les mêmes rebondissements depuis des années. L’histoire est prévisible et on ne croit jamais à la romance entre les deux personnages principaux. D’ailleurs, le film se fait tailler de toute part par les critiques. Alors pourquoi pas nous ?
Pour ne pas faire comme tout le monde ! Esprit de rébellion ! Non, plus sérieusement, c’est parce qu’on a commencé à voir le film au troisième degré – contrairement à Kerry Washington qu’on a connu bien meilleure tellement elle semble à côté de ses chaussures ici. Parce que le vrai problème du long-métrage, c’est qu’il est toujours à un doigt de sombrer dans la parodie et qu’il s’y refuse contre son bien. Et pourtant tous les éléments sont là !
Omar Sy, taillé pour le rôle, y va de son éternel sourire et son regard d’amuseur, parlant un parfaitement ridicule franglais tout du long. On ne compte plus le nombre de fois ou, au détour d’une baston ou d’une réplique, il semble prêt à nous lancer un petit clin d’oeil caméra. Mark Strong roule des mécaniques au point de créer un Fight Club dans son propre bureau. Mettez du Lionel Richie au jeune Jahleel Kamara, et il joue pour l’Oscar. Le duo Auntie (Da’vine Joy Randolph) et Unc (Method Man) est écrit pour s’insérer dans une comédie d’espionnage plus que dans ce film d’action. Même lorsqu’un figurant se fait toucher par balle, on le sent sur le point de dire “aïe” avant de tomber.
C’est exagéré, surjoué et dialogué comme un film avec Dolph Lundgren. Et ce qui nous empêche de dire que Shadow Force est drôle malgré lui, c’est que d’une scène à l’autre, cela semble parfois être fait exprès. Comme lorsqu’une fusillade dans une banque passe en arrière-plan avec des chorégraphies dignes d’un Benny Hill. C’est dans ce genre de moment qu’on se surprend à se divertir devant cette énième production lambda, dans des moments de grâce où plus personne ne semble en avoir à faire que le projet tienne la route, mais que c’est pas grave. Des instants que l’on cherche du coin de l’oeil, avec avidité, entre deux scènes gênantes de cette pauvre Kerry.