Critique M3GAN 2.0 : la franchise a fini de jouer à la poupée

Rédigé le 25/06/2025
Allan Blanvillain

La nouvelle version de la poupée robotique, et tueuse à l'occasion, débarque dans les salles trois ans après le premier volet. La mise à jour M3GAN 2.0 mérite-t-elle d'être téléchargée ou est-elle truffée de bugs ?

La machine  continue de fonctionner à plein régime avec ses productions horrifiques ou assimilées conçues pour pas cher pour un bénéfice maximal. Une méthode qui a rendu le studio inévitable dans le genre avec plusieurs films par an, des franchises et des dérivés à la pelle à l’image de Conjuring et sa masse de rejetons. En 2022, M3GAN (ou Megan) récoltait environ 180 millions de billets verts. Un bide pour n’importe quel blockbuster, mais un sacré retour sur investissement pour un métrage qui n’a coûté que 12 millions de dollars environ. Il était, dès lors, évident que nous aurions un M3GAN 2.0.

Fut un temps où les suites meilleures que l’original se comptaient sur les doigts d’une main et faisaient l’objet d’un dialogue dans Scream 2. Bien que cela ne soit pas devenu une norme pour autant, on peut constater sans mauvaise foi que ce constat n’a plus lieu d’être et que les seconds opus plus qualitatifs que leur modèle sont désormais légion. Rien que récemment, nous vous partagions notre agréable surprise devant le supérieur, Mr Wolff 2 sur Prime Video. Tout ça pour dire que si nous avions trouvé M3GAN sympathiquement passable, le côté barré de la bande-annonce de ce Megan 2 était fort alléchant et nous a poussé dans une salle obscure, on l’admet.

M3gan 2.0 Crituque
© Universal Pictures

Deux ans après que M3GAN, une IA perfectionnée dans le corps d’une poupée robotique, ait tenté de tuer Gemma, sa créatrice, et sa nièce Cady, une nouvelle androïde a été créée à des fins militaires, AM3LIA. Mais celle-ci échappe aux contrôles humains et commence à éliminer un à un les personnes à l’origine de sa conception. Lorsqu’il est révélé qu’AM3LIA possède le code source de M3GAN, Gemma comprend que Cady et elle pourraient être les prochaines sur la liste. Leur seul moyen de survie et peut-être de sauver l’humanité est de remettre en route M3GAN et de lui offrir un nouveau corps, plus fort, plus rapide, en espérant qu’elle décide de se ranger de leur côté.

Le jugement dévié

Si le budget de cet opus n’a pas encore été officialisé, il est certain que l’équipe a eu droit, elle aussi, à une mise à jour financière lui permettant bien plus d’extravagance. Dix-neuf minutes supplémentaires, davantage de protagonistes, plus de séquences d’action, des lieux variés, une maison de plus haut standing et deux robots… On n’atteint évidemment pas la richesse d’un blockbuster, toutefois, on apprécie que cette suite profite du succès de son aîné pour revoir son ambition à la hausse. Que ce soit visuellement ou scénaristiquement.

Critique M3gan 2.0
© Universal Pictures

Un peu à la manière de Mr Wolff 2, Gerard Johnstone et Akela Cooper rempilent, respectivement à la réalisation et au scénario, pour s’inscrire autant dans la continuité du premier opus que pour se réinventer. Les personnages installés reviennent, chacun ayant digéré les leçons du premier volet, pour partir dans une direction complètement différente. Si M3GAN jouait les codes du cinéma horrifique du pauvre, ce 2.0 abandonne ces velléités pour se tourner vers l’action débridée. De quoi, peut-être, se couper d’une partie de ses fans venus chercher le frisson et qui n’auront qu’une ou deux petites scènes à se mettre sous la dent.

Un parti-pris assumé qui rappelle une autre franchise, celle d’un certain James Cameron. Il est impossible de regarder Megan 2 sans penser à Terminator 2, sauf à ne pas avoir vu ce dernier. Le scénario n’est pas un exact copier-coller, mais chaque idée narrative, chaque rebondissement, emprunte ouvertement au maître. Un manque d’inspiration de Cooper ?

M3gan Critique
© Universal Pictures

En vérité, on a surtout le sentiment que la scénariste et le réalisateur avaient envie de s’amuser, et que quitte à subir les critiques rapprochant l’original de cette version Temu, autant afficher sa référence fièrement. Lorsque l’on veut faire une suite basée sur une baston entre deux IA, l’une voulant éliminer une femme et son enfant, avec des répliques cool et en délaissant l’horreur pour l’action, autant s’inspirer du meilleur film de tous les temps (l’auteur de ces lignes ayant établi un classement purement subjectif). Et si, cerise sur le gâteau, on nous glisse la musique de K2000 au détour d’une séquence de voiture, on se sent obligés de juger M3GAN 2.0 bien supérieur au premier. C’est la règle.

Une suite de 1… et de 0

Plus amusant, plus généreux, plus rythmé, ce M3GAN 2.0 est une succession de superlatifs autour de son concept tout en tentant de délivrer un message questionnant notre rapport à l’IA et notre consommation technologique. Néanmoins, cela reste une production Blumhouse avec ses qualités comme ses défauts, parmi lesquels un manque d’équilibre de ton. Fun quand il ose se lâcher, le film freine un peu trop souvent pour tenter de rester dans les clous de la cohérence et d’une morale très premier degré. Paradoxalement, le long-métrage manque d’un soupçon d’insouciance, de légèreté, de cette nonchalance qui dirait “on s’en fiche, on y va à fond !”.

On alterne entre scènes qui poussent les curseurs, assument leur bêtise et leur humour, et d’autres où on baille ostensiblement en se rappelant que le film fait deux heures et qu’il y a encore trop de déchets qui ne se justifient pas, y compris dans les blagues. Le personnage de Cole (Brian Jordan Alvarez) est symptomatique de cette fantaisie qui ne passe pas toujours, étant majoritairement insupportable dans le rôle du comique de service plus pitoyable et lourd que réellement amusant.

C’est le contrecoup de cet excès de générosité et d’ambition. Toutes les idées ne sont pas forcément bien exploitées, les effets numériques sont particulièrement inégaux et il est dommage que le film se refuse à être davantage violent, usant de tous les stratagèmes pour éviter de montrer ses aspects les plus gores. Une timidité qui reste le problème majeur de la saga.

On en ressort plus amusé qu’avec le premier opus, mais avec ce sentiment que Megan n’a pas encore embrassé tout son potentiel délirant. On espère néanmoins que la franchise continuera et poussera ses efforts dans la bonne direction. Si on peut avoir Le soulèvement des machines sans avoir Terminator 3, on prend.