Ironheart est le dernier produit de la phase 5 du Marvel Cinematic Universe mais aussi la dernière série bâtie, pensée et produite d’une certaine façon de la part de Marvel Studios. En effet, si vous aviez zappé cette information, la politique des séries a changé chez la firme américaine, avec la ferme intention de privilégier des projets différents et indépendants, bien consciente des limites et de la fatigue (surtout) chez certains consommateurs avec l’interconnectivité des produits Marvel, déjà exigeants sur le plan des films et forcément encore plus contraignants au format sériel.
Les vestiges d’un certain passé
En clair ? Ironheart est un rescapé, là où d’autres produits n’ont pas eu la même chance. Son format type – une créatrice, Chinaka Hodge, des scénaristes – appartient à un ancien temps pour Marvel Studios, à une époque où la perspective d’avoir un showrunner n’existait pas encore (contrairement à ce qui a été fait sur Daredevil Born Again) et dans lequel le département Marvel Television n’était pas encore sur pied. Tournée en 2022, prévue en 2023 et repoussée à maintes reprises, Ironheart aurait pu passer mille fois à la trappe.
Introduite dans Black Panther: Wakanda Forever, Riri Williams aurait dû faire partie du projet Armor Wars, un film à l’origine puis une série puis… plus rien. Dans ce projet elle devait, en principe, donner la réplique à Don Cheadle (War Machine) autour d’une intrigue mêlant intelligence artificielle, armements et héritage de la technologie Stark. Cela tombe bien puisque si Armor Wars semble avoir fini dans la lessiveuse Marvel et dans la case des projets annulés – que Disney ne confirmera pas officiellement, comme l’a expliqué son PDG Bob Iger -, Ironheart a conservé son existence, avec une large partie des thématiques abordées plus haut au sein de son propos.
Riri superstar
La série prend place juste après les événements de Black Panther : Wakanda Forever. Riri est toujours cette inventrice de talent, admise très tôt au MIT. Sauf que ces excentricités et sa fâcheuse tendance à rouler en solo vont épuiser la patience de la direction de l’établissement, qui va lui indiquer la porte de sortie, autant après un énième accident involontaire – d’envergure celui-là – que de la fâcheuse décision de Riri de vendre son savoir au plus offrant – ce qu’elle faisait déjà dans Wakanda Forever -, afin d’améliorer son équipement et lui offrir le modèle d’intelligence artificielle dont elle rêve tant.
Riri’s notebook = unlocked. 🔓
Check out the official #Ironheart episode guide and stream on @DisneyPlus starting June 24. pic.twitter.com/cIJrILXbAi
— Marvel Studios (@MarvelStudios) June 17, 2025
Après avoir embarqué son projet d’armure avec elle, la voilà de retour dans le foyer familial à Chicago, toujours avec la ferme intention d’améliorer sa création par tous les moyens. Même les moins recommandables, ce qui la met sur la voie d’une bande de malfrats dirigée par Parker, un jeune homme déterminé et mystérieux, répondant surtout au nom de The Hood. Si vous êtes connaisseur de comics Marvel ou un suiveur scrupuleux du MCU, ce nom ne vous est pas inconnu. Il a été évoqué dans un épisode entier de la dernière saison de What If. On parle d’un méchant, qui dispose d’une cape lui conférant des pouvoirs magiques offert par… on en reparle plus tard.
Dominic Thorne s’époumone, pour un propos intéressant mais brouillon
Voilà pour l’intrigue. Et durant six épisodes, celle-ci ne cesse d’osciller entre plusieurs thèmes forts. Le passé de Riri, propulsé dans le monde du MCU auprès des Wakandais, est enfin exploré. On connaît enfin la raison pour laquelle cette dernière était autant attachée à la voiture de son beau-père, Gary. Le sort de ce dernier ainsi que celui de sa meilleure amie, Natalie sont deux éléments centraux de la série, une sorte de fil rouge qui permet d’ailleurs au passage à l’interprète de Riri Williams, Dominique Thorne, de faire étalage de tout son talent d’actrice, peu mis en valeur dans Black Panther : Wakanda Forever. Autant le dire ici, c’est probablement l’un des points forts de la série. Si la hype autour du personnage d’Ironheart n’est pas folle, on ne peut mettre de côté que l’actrice est convaincante, touchante et, à l’image d’Iman Vellaini dans la peau de Miss Marvel, nous donne quand même envie de voler avec elle et de suivre ses péripéties.
La technologie Stark est également abordée dans la série, avec des rappels fréquents au tout premier Iron Man, le tout à travers un personnage liant les deux productions, dont on taira l’identité ici, mais aussi avec l’ambiance générale et une héroïne capable de construire une armure ou un moyen de se défendre avec rien ou presque rien. Enfin, comme annoncé depuis des mois et des mois – du moins tant qu’on avait une forme de communication autour de la série et de ses enjeux – la magie fait bel et bien partie de l’univers d’Ironheart, avec une introduction plutôt intéressante pour le coup. L’ennui, c’est que si la série ne manque pas de bonnes idées, elle donne l’impression, hormis une ou deux et encore, de n’en développer durablement aucune en profondeur. Et c’est bien là le souci de cette nouvelle production Marvel: sur les thématiques qui sont censées la lier au reste du MCU et amorcer de nouveaux enjeux, Ironheart ne prend le temps de rien. Et laisse même beaucoup de portes ouvertes, finalement.
Une série justifiée par un final en forme de cahier des charges
Ce qui renvoie forcément à une autre question, celle que beaucoup se sont posées au moment de l’annonce de la date de diffusion de la série sur Disney + : pourquoi faire ? Était-ce vraiment nécessaire de conserver ce projet ? Et pourquoi ce rythme de diffusion aussi rapide (deux fois trois épisodes, réparties sur deux semaines et non pas un mois minimum comme les précédentes productions), si ce n’est l’envie de se débarrasser de ce projet encombrant et coûteux ? On ne parlera même pas de la communication un brin orientée ces dernières semaines de la part de Disney, avec la curieuse mise en avant de Ryan Coogler, seulement producteur sur Ironheart et presque présentée comme le créateur de la série, ou encore l’intervention de Robert Downey Jr lors de la promotion de la série sur le plateau de Good Morning America, venue soutenir et adouber l’interprète de Riri Williams, la successeure officielle d’Iron Man. Finalement, la réponse à la question “pourquoi faire” se situe dans le final d’Ironheart.
Iron Man 🫶 Ironheart
Robert Downey Jr. delivers a special message to the "Ironheart" stars, Dominique Thorne and Anthony Ramos.@marvelstudios pic.twitter.com/2jZiaQJjkU
— Good Morning America (@GMA) June 17, 2025
Certains éléments sont révélés, des choses (ou des personnages, wait and see) sont introduits et bien que la série appartienne à l’ancien régime des productions télévisuelles du MCU, on a du mal à croire qu’on ne reverra pas certains des personnages mis en avant durant ces six épisodes ni même avoir un prolongement de l’arc magique qui a été introduit. Reste la vision et l’impression d’ensemble de cette série. Dire qu’on s’est ennuyé serait un terme fort mais la vérité est qu’Ironheart ne sera pas un produit inoubliable du MCU. D’abord parce que les (rares) scènes d’action, hormis une peut-être, manquent vraiment de créativité et de soins. Ensuite parce que les effets spéciaux ne sont pas toujours très propres. On met de côté le débat sur les armures créées par Riri Williams, qu’on n’a pas aimé ici mais qu’on n’aimait déjà pas dans Black Panther : Wakanda Forever même si sa création finale est de loin la meilleure.
Enfin, parce que si la série contient son lot de personnages facilement oubliables et de références aux comics Marvel aussi – Clown, la Fratrie de sang… – on a personnellement eu du mal avec la figure de The Hood, son aspect physique – sa cape fait produit de cosplay ni plus ni moins – et le jeu d’acteur de son incarnant, Anthony Ramos. Un bon produit super héroïque nécessite forcément un bon antagoniste et si le personnage en lui-même est plutôt intéressant, son écriture manque de punch pour totalement nous convaincre et le rendre impactant. A l’arrivée, Ironheart sonne comme une série Marvel en forme de cahier des charges, notamment dans son final et comme un produit à regrets tant le développement de son personnage principal confère à cette dernière un capital sympathie, loin d’être gagné au départ. A vous de juger pour un produit qui passera l’année 2025 comme un éclair : on vous rappelle que le 1er juillet, l’intégralité d’Ironheart sera déjà disponible. Ah et oui… il y a une scène post-générique à la fin de la saison.